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Situation de couple : c'est compliqué

Merci et bienvenue aux 22 personnes qui ont rejoint cette conversation ce mois !
Vous vous rappelez, il y a quelques années, Facebook a créé une option « c’est compliqué » pour renseigner sa situation de couple sur son profil.

Mais quelle bonne idée !!!😃

C’est compliqué, ça veut dire « j’ai pas le temps de t’expliquer, là », mais bien sûr qu’on pourra en reparler plus tard, peut-être.
Et quand on coche « c’est compliqué », Mark Zuckerberg ne nous demande pas « mais compliqué comment ? », « compliqué pourquoi ? », « et compliqué dans quelles proportions ? ».
Ça, c’est vraiment cool.
 
Je voudrais la même option pour répondre à la question « tu viens d’où ? ».
 
Cette semaine, avant même qu’on apprenne le scandale à Buckingham Palace*, je parlais de cette question avec quelqu’un et j'ai pris conscience qu'elle me plonge dans un profond malaise. Pas parce que je présuppose quoi que ce soit sur la personne qui la pose, mais parce que c’est une question douloureuse pour moi.

Elle me renvoie à la réalité de ma relation très distendue avec le Cameroun. Elle me renvoie au fait que je « viens » de ce pays que je ne comprends pas et vice-versa. Elle me rappelle que si je suis extrêmement fière que nous ayons battu le Brésil vendredi⚽ (#historique), je n’ai pas regardé le match et je suis la seule chez moi à ne pas avoir le maillot des Lions Indomptables. Elle me dit que j’adore les plats camerounais mais je ne sais en cuisiner aucun et le jour où ma mère ne sera plus là, il n’y a plus ni beignets ni ndolè dans mon congélateur😱. Elle me susurre que mon niveau de bakoko s’étiole, faute de le parler avec quelqu’un, et que mes enfants n’en connaissent pas un mot. Elle ricane en m’entendant dire que je suis française et camerounaise
🇫🇷🇨🇲 puisque ça n’existe pas : quand on est français-e, on ne pas être camerounais-e aussi. (je vous expliquerai une autre fois)

Bref, si je devais répondre à cette question pour de vrai, il me faudrait un espace et une énergie que j’ai rarement à brûle-pourpoint, et qui viennent plutôt au fil de la relation. Raison pour laquelle j’aimerais pouvoir juste dire « je suis française et camerounaise… et c’est compliqué » et qu’on passe à autre chose, en attendant un moment plus opportun. Je crois d'ailleurs que plus ça va, plus je vais m’autoriser à donner cette réponse, qui est celle qui me convient vraiment.

En faisant le point sur mon malaise, j’ai aussi compris pourquoi je ne pose jamais cette question aux autres. Je crois qu'un jour j'ai décidé d'essayer d'entrer en relation avec les autres sans passer par cette interrogation. Même quand j’en meurs d’envie. Même si, venant de moi, ça passerait probablement mieux. Même si, avec mon mari, dans l’intimité de notre salon, on fait des paris sur les origines de telle ou telle personnalité sur la base de son nom et de « sa tête »😲.
 
Est-ce qu’il faut cesser de poser cette question ? Non.
Juste, ne pas insister une fois qu’on nous répond ce qu’on nous répond.

 
Et sinon, vous là, qui me lisez, vous venez d’où ?
Alexia SENA, fondatrice de Joyeux Bazar

* Sur cette affaire ("d'où venez-vous ?" huit fois d'affilée !!!), un rappel des faits et mon analyse ici

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Au lendemain des printemps arabes, Selma retourne dans sa ville d’origine Tunis, bien décidée à y ouvrir un cabinet de psychanalyse. Fortement imprégnée de culture française, elle fait face à des réalités bien différentes de ce qu’elle connaît et, surtout, de ce qu’elle imaginait. Disponible sur les plateformes.


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