Les mails ne marchent plus ? Les lettres non plus ? Si ! Ils fonctionnent encore mais ça fait très longtemps que je n'ai pris le temps de vous écrire, parce que depuis de nombreux mois, on peut, un peu, se parler et se voir. Le dimanche, dans la rue, aux abords des EHPADs, sur les plages, une vie suit un cours altéré et bizarre, mais fait de nombreuses respirations.
Pour certains d'entre nous, les respirations sont un peu suffoquées et douloureuses... parce que la santé déraille ou inquiète, parce que les projets sont dégradés, parce les équilibres sont vacillants, parce que demain est masqué par les claudications d'aujourd'hui. Et je sais que ça fait mal.
En miroir brisé de ceux qui bougent beaucoup, par nécessité ou dans une suite d'un rythme quotidien jamais ralenti, certains se sentent arrêtés sur le bord de chez eux, où on les salue de loin. Tous ne prennent plus le chemin d'une vie sociale qui pourtant est nécessaire, jusqu'à notre prière communautaire qu'on n'ose plus se permettre. Quand tout est dégradé, il est difficile de se projeter dans les rencontres et les organisations pour demain, il est difficile de ne pas pleurer hier, de laisser la lumière illuminer aujourd'hui.
Ne se passe-t-il vraiment rien ? Ben si, plein. Dimanche, ma sœur a eu 41 ans, certains jours, les églises sont trop petites pour nous accueillir, des Carollais se sont mobilisés avec succès pour protéger une famille, certains s'inquiètent pour la vie politique, pour la paix au Moyen Orient, pour la santé de ceux qui souffrent physiquement ou moralement, des soignants sont encore engagés, minute après minute, pour notre santé, les essentiels invisibles continuent de soutenir la société (on les a juste de nouveau oubliés). On pourrait parler avec passion des attentions renouvelées dans les familles ou les voisinages ou l'inventivité des projets...
Reste que s'approchent les jours saints, précieux entre tous, que l'année dernière nous avons dû investir dans le secret confiné de nos maisons... Cette année, il sera possible de venir prier ensemble, nous laisser travailler par cette Nouvelle du Fils qui se donne et nous entraîne dans la Vie...
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